DANS LE SILENCE DE LA VILLE › Entendez-vous les pas qui résonnent sur le pavé froid ? Rosewood ville inanimée et morte de l’Illinois où il ne se passe jamais rien. Bien loin des bruits sourds de l’asile vous ne trouverez ni piqûres ni camisole de force en ces lieux. Les rues se succèdent les unes après les autres laissant place à une tiédeur ambiguë qui en met mal à l’aise plus d’un car si on feint le bonheur et l’ignorance il faut pourtant savoir que cela est vain. On préfère occulter, faire disparaître des pensées l’hôpital lugubre de la petite colline, car oui on l’appelle « hôpital » ça sonne bien mieux aux oreilles des bigotes sur leur banc de bois. Alors Rosewood une ville ordinaire surement trop, des cafés, des commerces où tout le monde se croise, se connait, des maisons luxueuses, des voisins aimants mais pourtant il y a cette ombre au tableau parfait. L’asile. Il est là, toujours guettant derrière eux, il est sur toutes les lèvres, on le scrute, le critique, le maudit. Il entraîne frayeur et curiosité, qui sait ce qui se passe derrière la grille ? Dans ces joyeux quartiers s’interpellent parfois quelques confrères, psychiatres et médecins charmants, collègues de cet endroit confiné. Ici on oublie la souffrance, ici on oublie la folie. Bien sûr les patients n’y n’ont guère droit car ils ont dû renoncer à leur vie d’autrefois. Sauf si toutefois ils venaient à s’échapper, gare à vous on vous observe derrière une porte vitrée. On vous voit.

HABITATIONS › Bien loin de la folie, des cris insensés s'élevant la nuit depuis les cellules capitonnées, de l'aspect lugubre des lieux et des visages de l'asile, le quartier résidentiel de Rosewood semble tout ce qu'il y a de plus tranquille, paisible et silencieux. Des successions de maisons parfaitement rangées par un architecte maniaque! Des voitures garées devant les perrons, des volets pâles et des jardins bien entretenus, rien ne semblerait indiquer qu'à quelques kilomètres de-là se cache la prison des fous, dissimulée derrière la colline, honte de Rosewood qui fait froid dans le dos aux habitants de cette ville désincarnée et immuable. Esprits sains qui craignent la folie ou médecins la côtoyant au plus près, c'est ici qu'ils se retrouvent pour une nuit de repos, loin de l'insanité qui ronge l'asile, laissant les fous à leurs sommeils agités, à l'abri derrière les murs de leurs maisons, rempart contre le Malin, les habitants se réfugient et peu d'entre-eux seraient enclin à vous ouvrir leur porte, l'hospitalité n'étant pas leur point fort.