L’ENTRÉE DE L'ASILE & LE HALL › S'offre à vous le chemin de l'hôpital psychiatrique de Rosewood. Derrière des grilles rouillées, discernez l'écriteau de bois pourri, il vous accueille, vous invite à entrer dans ce lieu de perdition tandis que le portail grince tel un hurlement strident. Une route de briques jaunes se dessine à votre vue, les feuilles mortes s'écartent pour laisser les pneus des belles voitures se frayer un passage, larguant ainsi leur fardeau sur le seuil de l'asile. Le symbole est encore visible gravé sur les larges porte de la vieille demeure à la peinture écaillée. Un manoir gigantesque envahit par le lierre et la brume, d'où s'élèvent des cris étouffés, des appels au secours qui restent sans réponse. La gravure du pommier vous fait face, ses racines descendant sur les poignées de bronze. Les serpents servant de heurtoirs vous sifflent de les attraper, enroulez vos doigts autour d'eux et frappez. Toc, toc. On vous empêche de sortir mais jamais de rentrer, si personne ne vient vous ouvrir, n'ayez crainte – la bobinette cherra.

QUAND LA NUIT TOMBE › Ici repose les âmes hantées de tous les pensionnaires foulant les longs couloirs de cet hôpital psychiatrique. Comme dans tout enfer, le repos est permis, rien qu’un bref instant. Sur des lits inconfortables et difformes, hommes et femmes se prélassent –si on peut dire- en essayant de se remettre de leur éprouvante journée. Quelques heures de détentes avant le retour à la réalité, ils n’ont que le temps de s’assoupir, le temps que leur pire ennemi s’immisce dans leur cauchemar les plus terrifiants, pire encore que celui dans lequel ils pataugeaient au quotidien. Ils ne sont que d’horribles macchabée dans des draps trop grands, trop sales, trop souillés par la folie qui s’échappe de ces murs. Beaucoup n’osent pas dormir préférant garder un œil sur les autres, mais nombreux sont les téméraires qui n’ont aucun problème à trouver le sommeil. Il s’agit là de courage, ou d’inconscience.

LA SALLE DE REPOS › L’air dépressif des habitués donne au lieu un penchant lugubre alors que la paix règne dans cet endroit. Ils viennent ici se ressourcer, hommes et femmes, petits et grands. Que les pauvres brebis égarées ne pensent pas avoir une liberté totale, ils tomberaient de haut. Seul endroit de l'asile où les pensionnaires peuvent trouver quelques maigres distractions, canapés au velours abîmé disposés devant un vieux poste de télévision, qui lors des rares fois où il fonctionne, n'offre qu'une et unique chaîne de divertissement. Jeux de sociétés sont posés ici et là pour divertir ces âmes lasses, l'échiquier près de la fenêtre du fond reste cependant le loisir préféré de ceux qui ont encore assez de tête pour réfléchir. Qui a dis qu'il fallait être sensé pour jouer ? D'autre part, un vieux juke-box vous permettra de vous laissez bercer par quelques douces mélodies, certains psychiatres pensent qu'il est utile à la thérapie de travailler en musique. Ce juke-box marche avec des jetons de bons points, donnés par vos médecins en guise de récompense à vos "progrès". Belle ironie. La musique vous transporte, dansez avant de disparaître, évaporez-vous avec la dernière note. Qui veut faire un château de cartes ?

LE RÉFECTOIRE › Dans cet endroit lugubre vous entrerez, de la bouillie immonde vous ingurgiterez. Assiettes et couverts se bousculent dans un vacarme assourdissant. Entre ces murs, les amoureux culinaires ne se régaleront pas, aucune saveur ne réjouira leurs papilles. Ici, on ne déguste pas, on mange. Il y trône des tables branlantes et des chaises instables, une odeur putride de nourriture à peine comestible. De quoi faire un trou béant dans votre estomac et vous déchausser les dents. Ne vous laissez pas avoir par l’air irréprochable des gardiens de ce temple, ils ne sont là que pour surveiller, être certains que vous vous gavez bien. C’est important pour vous maintenir en vie, pour faire de vous leur jouet. Injuste, vous dites ? Non, ce n’est que la loi du plus fort. Ici, c’est vous qui êtes en bas de la chaîne alimentaire.

BIBLIOTHÈQUE › Le silence est d'or lorsque vous êtes dans ce lieu où le calme règne en maître. Ici vous n'avez pas le droit de parler, pas le droit de rire, d'éternuer ou de faire le moindre bruit. Du moins c'est ce qui est indiqué si vous lisez la charte, mais il est bien rare que les personnes respecte ce qui est stipulé, après tout, pourquoi mettre des règles en place quand tout ce qui se passe dans les autres pièces de l'hôpital sont synonymes de chaos ? Mais d'un autre côté, quel fou pourrait lire tranquillement ? La plupart ne sont pas assez calmes pour parvenir à rester assis, un livre entre les mains. Ici, des tas de livres sont disposés ici et là, sur des étagères toutes prêtes à s'écrouler au moindre geste brusque. Certains ouvrages prennent la poussière dans leur coin pendant que d'autre font l'admiration de tous. Mais si vous voulez tout savoir, celui qui passe le plus de temps devant ces pages est le maître des lieux. Bien sûr, certains aiment cependant s'instruire, et comme on dit : Savoir c'est pouvoir, or le pouvoir est dangereux.

LES SALLES DE CONSULTATIONS & LES BUREAUX DES MÉDECINS › Le regard dans le vide, son iris ternie d’un bleu gris triste, son âme vagabonde, et même si son enveloppe corporelle est à sa place sur cette chaise d’un bois maigre, les pieds effleurant le sol, son âme, elle, s’est déjà échappée, comme un oiseau quittant sa cage. Entre des piles de dossiers, derrière un bureau gigantesque, l’homme lui fait face, la domine, lui parle de son passé, s’infiltre dans ses pensées, vient s’en abreuver. Il l’oblige à dire, à formuler clairement, ce qu’elle a tu au plus profond d’elle-même. De l’ange gardien tentant de la ramener sur terre parmi les vivants ou du vil curieux jouant avec elle comme un pantin, il n’y a pas un grand fossé. Elle sent ses paroles s’introduire sous sa peau, prenant d’assaut son cerveau de folle, un pendule se balance au-dessus de sa tête, elle va faire de beaux rêves, des rêves entachés de ses tragiques souvenirs. L’homme manipule les fils de sa marionnette, elle n’est plus rien entre ses mains, bête de foire obligée de suivre ses indications si elle veut retrouver le chemin de la clarté. La séance terminée, elle quitte la pièce d’un pas incertain, et un autre prend alors sa place sur la chaise. Ainsi se déroule le défilé des fous dans les cabinets des médecins.

L'INFIRMERIE › Seul refuge dans cet abysse de souffrances ici repos vous trouverez et réconfort vous sera apporté. On dit même que les infirmières qui règnent sur l’endroit sont des sortes de marraines fées qui veillent au bien être si fragile de leurs patients, c’est du moins ainsi que les appelle une jeune fille un peu trop perspicace. Dans ces lits aux draps immaculés vous trouverez refuge, vos plaies seront pansées et vos migraines soignées. Certains se servent pourtant de l’endroit à des fins plus macabres, apportant leurs victimes, les cachant aux regards indiscrets. Puisse cette pièce vous réchauffer le cœur et sa lumière vous éclairez lorsque toutes les autres lumières seront éteintes.

DOUCHES COMMUNES › Salle blanchâtre aux joints usés, aux canalisations sifflantes, au sol d’échiquier, cernée de cabines de douche en ruine, bien loin des bassins d'eaux chaudes, l'eau y est glacée, mordant votre peau une fois sous son jet. Ici afflue les patients sous l'eau de la douche. Par groupe ils arrivent. Fils et garçons séparés selon les principes des temps anciens. Amenés en troupeau par un berger médecin comme du bétail qui se rend à l'abattoir. Les yeux baissés, le front plissé ils endurent la froideur du liquide sur leur épiderme cendré et cette séance de mise à nue, même s'il arrive fréquemment que certains s'énervent et refusent catégoriquement d'entrer dans la douche étroite, suffocante. Êtres au profil décharné, ils sont comme des robots en ce lieu, une dizaine d'anonymes. Traînés de force pour ceux qui ont peur du liquide. Rituel de soirée. Dommage que l'eau ne puisse pas purifier de la folie mais nettoie du moins les traces laissées par les piqûres de morphine...

UN BOL D'AIR FRAIS › Au fond de ce jardin séculaire se dresse le majestueux pommier à l’origine de tous les maux présents dans cet endroit morbide. Des pommes délicieuses, à déguster avec modération. Ce fruit de la tentation que même Eve n’a pas pu repousser, comment y résister ? C’est avec cette bouchée, aussi innocente soit-elle que tout débute. Le mal comme le bien. Tout ce qu’il y a de néfaste provient de ce fruit défendu, un goût exquis mais qui laisse un goût amer dans la bouche. Cet endroit plait à beaucoup pour son calme, son atmosphère et cette proximité rassurante avec l’arbre en question. Le vent ne manque pas de souffler, soulevant les cheveux sales des pensionnaires pour dévoiler leur visage anormalement pâle, caché derrière un masque immonde, à l’image de la tristesse et du dégoût.

BOIS ÉPINEUX › Derrière l’asile se dresse une forêt à l’image de la demeure, froide et austère, cachant les patients aux regards des curieux, rendant l’hôpital inatteignable pour quiconque ne s’est pas annoncé auparavant. Rappelez-vous, il n’y a qu’une seule route qui mène à Rosewood, ne vous risquez pas à vouloir fuir par les bois. Nul ne se souvient comment mais un jour ils étaient là, ces arbustes de ronces protégeant ces murs, empêchant d’entrer mais surtout de sortir. En effet si par chance vous réussissez à vous échapper de l’asile il vous faudra emprunter la forêt de ronces pour échapper à la vigilance des gardiens. Seulement voilà chose impossible, tous ceux qui s’y sont risqués se sont perdu ou sont morts d’une horrible façon. Ultime barrière à franchir les branches vous prendront au piège tel une mouche dans une toile d’araignée, griffant votre peau, creusant votre chair, elles l’écorchent et la lacèrent. Même le plus charmant des hommes ne pourrait en venir à bout, il faudrait que la forêt vous laisse d’elle-même le passage mais évidemment…Cela est impossible.