Une jeune fille dans un corps masculin ; une bouche pleine, des yeux gigantesques, une démarche pleine de grâce. Il en a la fragilité : il était le fils faible, le fils littéraire, le fils qui restait des journées entières entre les draps. On pensait qu'il faisait une dépression infantile, on lui apportait des sucreries, des livres avec de belles images. Mais il ne souriait pas - il vous regardait avec des pupilles curieuses, un sourcil haussé en l'air. Pas de malice chez l'enfant à ce stade-là, seulement une apathie grandissante, et des membres frêles. Les autres jeunes garçons étaient forts et roses - mais il refusait de se mêler à eux. A l'âge d'être un jeune homme, le père ne supporte plus le fade enfant qu'il avait éduqué entre les murs de la demeure. Alors, il le frappe, le bat, laisse sur sa peau des marques pédagogiques : "il faut lui apprendre à être un homme !"
Transition. Des crises de colères viennent briser la façade froide et distante de Theodore Noble. Mère et Père observent ce qu'ils pensent être une victoire, le début de l'affirmation d'émotions et de sentiments - de l'humanité. Il casse des meubles, hurle à plein poumons et se roule au sol. "Tu l'as cassé, tu lui a cassé la tête !" Accuse la Mère ignorante, observant le retour au calme de leur pauvre fils. "Je n'ai fait que mon devoir" affirme le Père brutal, serrant les poings. Mais il était déjà trop tard. Theodore est inconsolable. Theodore crie en réponse à tout acte de violence.
S'affirment des traits manipulateurs, analytiques. Pour survivre dans un monde hostile, il faut ruser. Theodore est un intellectuel, Theodore est un intelligent. Il vole, il se venge par diverses ruses. Alors qu'il paraît lire, l'âme paisible, entre deux couvertures, il se remplit le crâne, il remplit son cerveau d'informations, de moyens d'utiliser le monde à son avantage. Un matin de Janvier, lorsque son Père perd la main dans un accident, il regarde l'Homme mourir, se vider de son sang, tandis qu'il s'agrippe à sa chemise d'un blanc immaculé ; tandis qu'il s'accroche à la vie. Il attend que ses yeux s'éteignent, avant de toucher le corps : sa poitrine, sa nuque, ses jambes. Que devait-il ressentir ? Devait-il pleurer ? Aurait-il du l'aider ? Rien ne vint. Il rapporta la main dans la cuisine.
Le lendemain, le petit Prince de la demeure des Noble à Rosewood est envoyé à l'hôpital.