La pénombre du soir venait recouvrir la forêt de son épais manteau nuit. Le froid glacial venait fouetter ton visage. Tes cheveux virevoltant au vent, tu tentais t'enfuir ton visage dans le col de ta robe. Tu portais sur toi une robe fluide, légère, de couleur jaune, bleu et rouge, tout en dentelle blanche dont la ceinture n'était qu'un morceau de tissu rouge. Tu te retrouvais avec des souliers aux pieds, marchant sur le sol dur et froid. Tu avançais comme si une force invisible te pousser. Tu ne comprenais pas ce qui se passait, prenant cela pour un vilain rêve. Cela devait faire déjà plusieurs minutes que tu marchais dans le froid, tentant de retrouver tes repères. Tu t'étais réveillée toujours au même endroit, face à cet arbre décharné. Tu avais toujours du mal, à chaque fois, de te sortir de ce sommeil qui était tellement profond que le néant t’effleurait de peu. Ne se trouvait qu'un seul panneau qui était fixé à l'écorce par un clou. Il indiquait qu'un seul endroit: Haunted Mansion. Tu te souviens avoir levé un sourcil, perplexe. Tu te demandais quel était ce lieu. Aussi longtemps que tu t'en souviennes, tu n'avais jamais entendu parlé de cet endroit. Tu n'y avais d'ailleurs jamais mis les pieds. En tout cas, cette forêt ne te disait rien. Tu voulais faire demi-tour, rebrousser chemin, mais en vain. Malgré tout tes efforts, quelque chose t'empêcher de reculer. Il faisait de plus en plus sombre, les buissons se rapprochant étrangement, t'engloutissant. Et de là, alors que la nuit était reine, d'étranges lueurs se faufilaient à travers les branches des arbres, laissant entrevoir un espoir de vie. La musique, lancinante et festive te parvenaient jusqu'aux oreilles. Aussitôt, tu te laissais envoûter, oubliant cette peur qui te prenait aux tripes. Oubliant ta présence ici. Oubliant qu'un maléfice t'avait guidé en ces lieux.

Tu pénétrais avec grâce dans l'immense salle de cette demeure enchantée. Danseurs et danseuses tournoyaient avec légèreté sur la piste de danse digne du Palais de Vienne. Les robes étaient splendide et même si la tienne ne rivalisait pas de parures en tout genre, la fierté de te sentir unique et différente prenait le pas. Envoûtante, entêtante, émanait des instruments un chant mélodieux, dangereux, faisant oublier, arrêter le temps qui passe. Tu ne savais plus ce que tu devais faire. Tu t'avançais vers le buffet appétissant de saveurs exquises que ton palais ne pouvait ignorer. Tu remarquais un jeune garçon bien friand de ces petites merveilles. Tu goûtais avec les yeux, t'arrêtant devant une pomme d'amour aussi rouge que tes lèvres. Tant de troubles, de candeur, tu te sentais depuis longtemps toi-même. Alors, comme tout le monde, tu te laissais aller, devenant la nouvelle proie du diable. C'est alors qu'une voix enfantine venait interrompre tes rêveries. Il te souriait, élégant, poliment. Une danse? Tu aimais cela... danser.

"Avec joie..." finissais-tu par répondre du bout des lèvres, ton esprit tournoyant déjà sur la piste de danse.