alchimie de la douleur — euphemia

My Wonderland is shattered. It's dead to me ▬ ALICE LIDDLE

Euphemia. N'était-ce là qu'un simple prénom abandonnant à la mer sa douceur perdue, sa pureté égarée. Les yeux dans le vague, dans le bleu de la mer, dans le froid du ciel, comme s'ils cherchaient un espoir, un endroit, une personne qu'elle seule peut voir, fantomatique illusion de cet esprit éprit d'utopie, de sombre mêlé de pureté. La belle jette son corps meurtris dans les bras humides des ces vagues tortueuses. Elle hurle à la nature, chant brisé de milles émotions, s'accrochant à tout, aux corps des hommes, aux oiseaux, à leur liberté, aux étoiles qui filent dans ce ciel sans lune, sans espoirs, aux rochers, fort et instable, à tout, à défaut de pouvoir s'accrocher à son prince perdu, à cet amour interdit. Car le rêve, éphémère et saisissant, est trop souvent encré en elle. La possédant, faisant d'elle ce qu'il veut, la manipulant comme ont manipule un pantin de bois. Euphemia. C'était un chant doucereux, un chant innocent, brisé de mille et un souvenirs. C'était une brise d'été tournoyant dans le vent glacé, c'est la tornade, c'est le cri déchirant la nuit, ou est-ce le clapotis calme de l'eau un soir d'été. Euphemia, comme la noyade. Un souffle qui s'éteint dans ces poumons las de résister, la vague qui enfonce ce corps meurtris dans les profondeurs glacées de la mer, qui le rejette sur la rive. Ô jeune sirène abîmées, meurtrie. Avec ces prunelles qui voient tout sans rien voir à fois, où t'échappe-tu cette nuit, dans quel rêve étranger ira-tu t'encrée.

Autrefois, elle la voyait partout, dans le murmure du vent passant dans les branches, dans le clapotis des vagues s'écrasant doucereusement contre la rive, dans les flocons tombant sur l'herbe fanée, accueillant les saisons mortes. Elle voyait autrefois la beauté partout autours d'elle, alors que d'autre n'y voyaient souvent que du triste et du las, du vide et du rien. Elle trouvait le moyen de remplacer ce triste par cette beauté enivrante, le las par le pétillant, le vide par la plénitude et le rien par le tout. Jeune rouquine plongée et bercée dans l'éphémère, dans l'illusion d'un jour heureux, d'un parfum doucereux. Tel un oiseau au plumage coloré, s'échapper de sa prison dorée, trouver nid dans les feuillages, ô doucereuse caresse rappelant la liberté, c'est le rêve qui passait devant ses prunelles aux couleurs de ciel, d'océans mélangés. Silhouette errante, fracassée par les vagues d'un océan instable, de cet asile. Ses prunelles humides contemplaient le soleil, la mer, la cime des arbres épineux pour y découvrir que merveilles mélancolique. Brisée mais ô combien solide petite chose, perdue dans l'illusoire d'un rêve créer de toute pièce à la façon d'un casse-tête sans image.

Petite princesse des océans à la chevelure de feu se perds, chuchotant tel le chant des sirènes de douces louanges infernales. Attirant tous ceux qui écoutent dans sa noyade. Ne voyant que châteaux et merveilles là où seuls ruines et abandon existe, ô triste illusions mensongères, piégeant innocence et vertu dans le chaos néfaste de la vie. Ô douce et frêle chose incarnée en cette pauvre sirène balayant autrefois chaque malheurs, chaque échecs du revers de sa main pâle comme les vagues bleutée effacent les promesses inscrites dans le sable trop froid pour ces pieds nus parcourant la mer à la recherche de significations perdues. Ces prunelles aux couleurs d'océans salés se ferment, laissent libre court à l'imagination d'un endroit vide de sens pour certain, laissant un endroit remplis de signification prendre place. Son corps tombe entre les bras des vagues tortueuses, elles bercent ce corps pâle avide de sensations et tant pis si la mer est gelée, si ces algues vertes s'attardent sur ses membres. Ô douce caresse de la mer, la jeune fille au cœur d'écailles se noie, ne se lasse pas de la caresse mélancolique des ces vagues glacées ou chaudes soient-elles.

Existe t-il en ce bas monde une beauté dépourvus de tristesse, de mélancolie, d'horreur conçue. Mélancolies semblaient être enfouis dans chaque parcelle de bonheur, Euphemia savait, elle. Ô lucide mais tristement illusionniste sirène, perdue dans les tourments de la mer. Elle était forte, tel un de ces grands sapins, résistant aux hivers les plus froids, mais à la fois faible tel ces coquillages se brisant sur les rochers, renaissant tel la roche fossilisée.